La CGT Préfecture de Police fidèle à ses valeurs internationalistes s’oppose à l’extradition des 7 italiens ex-membres des brigades rouges. Retrouver ici notre motion…
Non à la menace d’extradition qui pèse sur 7 italiens et la rupture de la parole donnée par la France aux exilés
Il conviendrait que la CGT exprimât une position publique conforme au respect de la parole donnée par un ancien président de la république, quant à la menace d’extradition pesant sur sept anciens militants d’extrême gauche italiens, vivant en France depuis le début des années 80, conformément à ce qu’il avait été convenu d’appeler la « doctrine Mitterrand ».
Cette « jurisprudence », résultant certes du seul « fait du prince », ouvrait la possibilité, en échange du renoncement à la poursuite de la lutte armée, aux exilés, de recommencer leur vie sur le territoire français. Elle fût couronnée de succès si l’on songe à l’insertion d’un certain nombre de ces anciens militants dans la vie universitaire et culturelle de notre pays.
Il y aurait beaucoup à dire sur ces « années de plomb », stéréotype commode pour effacer l’étrange comportement de l’état italien durant les décennies 60 et 70. Nonobstant les divergences avec les tenants de ladite lutte armée, il faut toutefois la situer dans un contexte historique, trop souvent ignoré voire refouler. N’est-ce pas l’état italien, lui-même peu ou mal épuré de la période fasciste qui développa dans le prolongement du mai rampant italien, cette stratégie de tension, n’hésitant pas à faire sous-traiter par l’extrême-droite des attentats sanglants, comme ceux de la gare de Bologne, imputés à la gauche extraparlementaire, pour mieux déstabiliser une société en proie à des luttes de haute intensité.
Véritable précurseur d’un paradigme antiterroriste, devenu aujourd’hui le justificatif de tous les empiétements successifs aux libertés fondamentales au sein des états dits démocratiques, l’état italien, associé à toutes les basses œuvres du sinistre réseau Gladio, dispositif ajusté aux besoins des stratèges occidentaux de la guerre froide, n’a eu de cesse de criminaliser, bien au-delà de brigades rouges de vastes secteurs de la contestation sociale et d’aboutir à la quasi disparition de la gauche sociale et politique dans ce pays.
Il est à cet égard proprement hallucinant qu’une opération conjointe des polices hexagonales et transalpines baptisée « Ombres rouges », en référence au roman policier éponyme publié par Cesare Battisti, lui-même livré à la justice italienne et actuellement en grève de la faim ait été menée sur le territoire au petit matin, pour aller chercher neuf réfugiés politiques, femmes et des hommes, toutes et tous âgé .e.s aujourd’hui de plus de 65 ans. Elle consacre une inflexion entamée sous la présidence de l’ineffable Nicolas Sarkozy, au mépris d’une parole donnée par la France au début des années 80, qui vient consacrer la seule obsession de vengeance qui inspirent l’état et la justice italienne.
Par glissements successifs, faudrait-il accepter d’exposer à la vindicte étatique des hommes et des femmes qui ont construit ici des vies familiales au seul motif de satisfaire cet acharnement punitif pour des faits qui devraient être prescrits ?
Dupont Moretti qui ose se dire « sans états d’âme » pour livrer les réfugiés italiens se souvient-il de l’amnistie prononcée à l’égard des factieux de l’OAS, ou serait-il en proie à une regrettable amnésie ? Ne serait-il pas dans la continuité de l’état et dans cette tradition « républicaine », dont Macron se gargarise à tout instant, que de maintenir cette garantie de protection pour inciter l’Italie à ouvrir un débat sur une amnistie souhaitable quarante ans après les faits invoqués ?
En tout état de cause, gardons-nous de ce que l’indifférence ou la méconnaissance de cette séquence historique ne conduise une organisation comme la CGT à regarder ailleurs, en faisant montre d’indifférence et d’un silence coupable.
Nous entrons dans la période estivale et la sortie graduelle de l’état d’urgence sanitaire propice aux mauvais coups de basse police.
Il appartient à la direction confédérale de se prononcer contre l’extradition toujours programmée, au nom de cette coopération inique entre les deux appareils d’états.
Une telle éventualité serait le signe d’une étape supplémentaire consacrant et amplifiant la dérive autoritaire constatée.
La CGT à travers sa direction confédérale s’honorerait à joindre sa voix à celles qui se sont déjà exprimées pour inciter Macron et son exécutif à renoncer à ce projet d’extradition.