Alors même qu’une collègue de la filière administrative du ministère de l’intérieur a été sauvagement assassinée le vendredi 23 avril dernier au commissariat de Rambouillet, nous avons été particulièrement surpris que nos autorités n’aient pas proposé un moment de recueillement à l’ensemble des agents. Pourtant dans d’autres circonstances, cela ne manque jamais d’être organisé…Existerait-il des différences « inavouées » entre agents ? Vous trouverez ci-dessous le mail adressé ce jour au Préfet de Police lui faisant part de notre étonnement…
Monsieur le préfet de police
Il est des victimes d’attaques terroristes qui ne semblent pas justifier la même ardeur, en matière d’hommage rendu, selon qu’elles appartiennent au rang de la police nationale ou qu’elles exercent des fonctions strictement administratives.
En effet le 23 avril avril dernier, c’est bien une adjoint-administrative, Stéphanie Monfermé qui, à son retour dans les locaux du commissariat, s’est retrouvée enserrée avec un bras et plaquée contre la seconde vitre du sas alors qu’elle s’y engageait elle-même.
La suite est connue de tous. Jamel G. 36 ans allait lui administrer deux coups de couteau, l’un à l’abdomen, l’autre à la gorge. Un brigadier alerté par ses collègues de l’accueil, parvenu à ouvrir le sas, fait feu par deux fois sur l’agresseur pour le contraindre à lâcher son couteau. Hélas la victime âgée de 49 ans et mère de deux adolescentes ne survivra pas à ses blessures.
Si le choc émotionnel suscité par l’événement a rapidement conduit les syndicats de police à se mobiliser sous forme de rassemblements silencieux contre des attaques les visant explicitement, la spécificité administrative de notre collègue n’a pas semblé retenir toute l’attention qu’elle mériterait. Ainsi ces mêmes organisations, toujours très réactives en matière de communication et jouissant d’une grande visibilité médiatique, semblent avoir voulu la compter dans leur effectif, ce qui pourrait légitimement apparaître pour nombre de nos collègues des administrations parisiennes, au sein de la Préfecture de police comme une manœuvre de récupération émotionnelle assez choquante.
Car, pour en revenir à notre propre maison, les agents administratifs et techniques se retrouvent aussi confrontés à de semblables dangers. Que l’on songe aux agents techniques qui interviennent quotidiennement dans les locaux de la DSPAP ou de la DOPC et l’on mesurera que la vie d’un agent des administrations parisiennes est exposée aux mêmes risques que les fonctionnaires de police.
Au-delà de la tragédie de Rambouillet, nous nous faisons ici le porte-voix des invisibles que sont, les agents administratifs et techniques pour nous étonner du silence inédit dont vous avez fait montre à l’endroit de ce décès.
N’eût-il pas été souhaitable d’organiser une minute de silence dans l’ensemble des services sur lesquels vous avez autorité, pour rendre hommage à notre collègue, en la restaurant dans sa dignité d’adjoint-administratif passée curieusement sous silence et lui rendre l’hommage qu’elle mérite.
Dans l’attente de votre réponse, soyez assuré Monsieur le préfet de police de notre considération respectueuse.