Djilali Guerza
profession : manager public
signe particulier : ami de la culture, des arts et des demandeurs d’asile
C’est la consécration d’un pionnier infatigable de la modernisation de l’action publique que nous souhaitons, non sans émotion, célébrer aujourd’hui.
Chef du 12ème bureau, sa rigueur managériale le disputait à un humanisme de combat qui encouragea plus d’un senior, suspect de productivité déclinante à quitter le boulevard Ney et ses interminables files de misère humaine en quête d’hospitalité, pour des cieux plus cléments. C’est à ce prix que l’on reconnaît le dévouement et l’abnégation d’un cadre, sacrifiant sans relâche aux exigences d’efficience sur l’autel de la performance. Les impératifs de l’administration ne vont pas sans une once de sélection « naturelle », prix à payer au darwinisme revisité par la « nouvelle gestion publique » !
Une telle stature méritait qu’on lui concoctât un hommage appuyé en sa qualité de manager du mois !
Mais voici qu’à la faveur d’un remaniement ministériel estival, on nous a ravi cette opportunité de le portraiturer comme il se devait. La temporalité de l’exécutif connaît des moments d’accélération qui télescope le temps ordinaire de la vie administrative.
Dont acte !
« Entre ici Djilali Guerza avec ton cortège de demandeurs d’asile ! »
Notre Jean Moulin du boulevard Ney ne connaîtra pas la panthéonisation tragique du héros de la résistance prononcée aux confins de la transe par André Malraux, flamboyant prédécesseur de Mme Bachelot
Nonobstant cette frustration ressentie par l’ensemble des agents exposés à son magistère inflexible, sa récente promotion ne laisse pas de surprendre et de susciter la curiosité des esprits les plus espiègles.
Derrière la maîtrise des indicateurs de performance se dissimulait pudiquement une appétence pour le monde des arts et de la culture.
Le grand architecte de la gestion des files d’attente, qui présidait au traitement quantitatif des demandeurs d’asile, incarnant la diversité des civilisations devient le chef de cabinet d’une ministre de la culture, fraîchement déconfinée, ex-chroniqueuse télévisuelle et accessoirement ex-ministre d’un certain nombre de gouvernements classés au centre-droit ! La vie politique et administrative nous réserve son lot de surprises,avec des reconversions spectaculaires ! Éric Cantona s’est bien métamorphosé avec succès en acteur, pourquoi Mme Bachelot et M Guerza ne deviendraient ils pas les artisans d’une politique culturelle dont il ne reste plus qu’à déterminer les contenus !
Nul doute, qu’il excellera dans ses nouvelles fonctions et n’aura de cesse de mettre en œuvre ses qualités d’organisateur logisticien, tout en réactivité avec cette sensibilité exacerbée qu’on lui connaît !
Qu’il nous soit permis tout de même de déplorer que Mr Guerza, migrant ainsi rue de Valois soit voué à un droit de séjour précaire, selon la dure loi de la vie de cabinet ministériel. Il en est ainsi de la société du spectacle et de sa modernité chatoyante transposées au cœur des institutions de la République ,elles ne misent que sur des emplois d’intermittents !
What do you want to do ?