Une corrélation plus que douteuse…
Nous avons pris connaissance avec consternation des inquiétants propos tenus par le préfet de police M. Didier Lallement, le 3 avril selon lesquels il existerait une « corrélation très simple » entre le non respect des règles du confinement et la présence d’un certain nombre de malades en réanimation.
Un tel lien de causalité, d’évidence non démontrée, et affirmée à l’emporte-pièce avec une telle superbe va à l’encontre des règles les plus élémentaires de la logique appliquée.
Nous prenons acte à cet égard de son rétropédalage après le tollé de réactions suscitées par cette phrase très mal ressentie auprès des épidémiologistes et acteurs de la chaîne de soins.
Mais faut-il vraiment y voir un simple dérapage ou plutôt l’illustration d’une conception essentiellement punitive et coercitive de la gestion de la crise sanitaire que nous traversons ?
Le préfet de police serait-il inspiré par un tel pessimisme historique qu’il verrait derrière chaque malade de réanimation, un irresponsable ayant causé des troubles à l’ordre public sanitaire ?
Le procédé rhétorique autant que la vison du monde qu’il révèle ne lasse pas d’interroger.
Serait-il investi d’une mission exceptionnelle requérant des moyens et un langage d’exception pour nous garantir un semblant de sécurité en échange de nos libertés fondamentales ?
Et quelle sécurité quand l’on songe aux salariés sommés de participer à l’effort de guerre économique, y compris dans des secteurs non essentiels et de s’exposer de fait aux risques de la contamination ?
Les discours martiaux de l’exécutif autant que les rodomontades du Préfet de Police peinent à camoufler la grande vacuité stratégique de nos gouvernants. Comment à la fois conjuguer un filet d’activité économique et adoption des exigences sanitaires peu compatibles avec le maintien d’une activité économique même ralentie, sans hypothéquer la protection des populations ?
Chacun peut mesurer un peu plus l’acuité de la contradiction, y compris au sein même des administrations parisiennes où le principe de continuité du service public pourrait être invoqué au détriment de tout principe de précaution sanitaire.
Culpabiliser ainsi la population en établissant des corrélations aussi douteuses pour justifier une politique sanitaire erratique et mal maîtrisée centralement relève de la fuite en avant.
Rien de plus facile que de bomber le torse et afficher son autoritarisme avec ostentation, quand en vérité les gouvernants sont à la ramasse !
C’est la marque de cet exécutif où l’arrogance le dispute à l’incompétence !
Gageons qu’au-delà delà période de confinement les citoyens et les salariés du public comme du privé aspireront plus que jamais à ce que l’on leur rende des comptes.