Un nouvel article dénonçant les méfaits du PPNG
Article de La Dépêche du Midi – 7 décembre 2017
Les dérapages du permis de conduire
Depuis le début novembre, les inscriptions au permis de conduire ont migré sur internet comme les demandes de carte grise. Mais la dématérialisation a des ratés…
Sans même parler de connaissance, ni de quotient intellectuel, le permis de conduire serait-il devenu l’examen de la République le plus difficile à obtenir ? Après les polémiques sur les délais des épreuves puis sur les questionnaires, dignes de l’agrégation de mathématiques, voilà qu’une nouvelle réforme, en l’occurrence numérique vient mettre la pagaille dans le système. Depuis le début du mois de novembre, plus besoin de se rendre dans les services préfectoraux de la direction des territoires à la cité administrative pour s’inscrire dans le circuit qui doit vous mener au saint Graal automobile. C’est maintenant sur internet, via la plateforme de l’agence nationale des titres sécurisés (ANTS) que les impétrants doivent s’immatriculer administrativement. Sauf que la révolution attendue se noie depuis des semaines dans les arcanes et les mystères de l’informatique. Quand elle a été lancée à la fin du mois d’octobre, la préfecture vantait l’évolution en gain de temps et d’énergie, en parlant d’un simple clic qui changeait la vie. Mais les queues aux guichets sont devenues des embouteillages virtuels. «Le système est sans doute bien à la base, note Florian Jaegler, le patron de l’école de conduite Capitole-Daurade, mais il y a des bugs dans tous les sens. Avant, on devait remplir un imprimé Cerfa 02 que les auto-écoles déposaient dans un casier à la direction des territoires et on le récupérait dans un délai de 15 jours à un mois avec le numéro de l’élève qui est son identification à vie. Mais maintenant avec l’inscription électronique, c’est la galère. J’ai des clients qui se sont inscrits depuis deux mois et qui n’ont toujours pas leur numéro de dossier, d’autres qui ont eu l’examen, mais pas leur carte». De quoi donner le tournis aux candidats et aux professionnels, qui s’arrachent les cheveux. «Là où on travaillait 20 minutes sur un dossier, on passe 3 à 4 heures, s’agace Florian Jaegler. En plus l’ANTS est censée envoyer un mail à nos élèves pour signature des documents, qui revient chez nous. Mais là encore il y a des soucis et comme au bout de sept jours le dossier est détruit, il nous faut recommencer toutes les démarches». Selon l’école de conduite française (ECF), qui forme notamment 50 % de professionnels, c’est une bonne dizaine de milliers de personnes qui ne peuvent pas, actuellement, se présenter aux épreuves du permis de conduire dans tout le pays. À tel point que certains inspecteurs commencent à être au chômage technique. «Le comble c’est qu’il va falloir revenir à la préfecture, à l’ancienne, le temps que le système soit fonctionnel et sécurisé», explique Bruno Garancher le président d’ECF qui ne s’explique pas l’aveuglement de l’administration. Un sacré raté à l’allumage.
La pagaille à tous les étages…
Les candidats au permis de conduire ne sont pas les seuls concernés par la dématérialisation des titres engagée au début du mois de novembre. Les problèmes touchent aussi toutes les démarches que l’on est amené à faire autour de l’automobile : les cartes grises évidemment, mais aussi les titres de circulation provisoires, l’immatriculation des voitures en provenance de l’étranger ou encore les destructions de véhicules. Une pagaille qui a le don d’exaspérer le conseil national des professionnels de l’automobile (CNPA), qui ne comprend pas pourquoi le gouvernement s’est obstiné à basculer toutes ces démarches sur internet alors que les services n’étaient visiblement pas prêts. «Nous avons alerté le ministère de l’Intérieur pour lui dire qu’on allait dans le mur, précise Jean-Marc Bonin, le délégué général de l’antenne régionale du CNPA. La fenêtre était trop courte et le basculement mal préparé. Mais personne n’a tenu compte de nos avertissements et le calendrier s’est appliqué. Aujourd’hui, on est au pied du mur et c’est le bug à tous les niveaux. On ne peut plus accéder au système pour les inscriptions comme pour la délivrance de permis. Songez que 100 000 voitures importées sont aujourd’hui bloquées. Il faut des mesures d’urgence et mettre des moyens»