Après 10 mois de lutte et 8 mois de grève contre les patrons mafieux du quartier Château d’Eau à Paris, les coiffeurs et manucures du 57 Bd Strasbourg ont enfin obtenu vendredi 03 avril l’engagement du Ministère de l’Intérieur et de la Préfecture de Police de leur délivrer à toutes et tous une autorisation de travail afin de pouvoir se reconstruire et trouver un emploi.
Il aura fallu 10 mois de lutte acharnée, d’occupation jour et nuit de leur lieu de travail, une plainte contre le système de Traite des êtres humains qui sévit dans ce quartier de Paris, la dénonciation à visage découvert par les salarié(e)s d’un véritable système mafieux organisé afin de recruter des personnes en situation de vulnérabilité, à des fins d’exploitation, dans des conditions de travail contraires à la dignité humaine, des menaces de mort, des intimidations au quotidien pour qu’enfin l’État se décide à réagir positivement et donner un signal clair aux patrons de Château d’Eau.
Les 9 salarié(e)s qui n’étaient toujours pas régularisés sont convoqués demain, vendredi 10 avril en Préfecture de Police de Paris pour recevoir leur autorisation de travail.
Elles et ils pourront être enfin des salarié(e)s comme les autres, qui cotisent, payent des impôts et font valoir leurs droits. C’est une véritable délivrance pour ces femmes et ces hommes qui pourront enfin sortir d’un système organisé d’exploitation et de Traite des êtres humains.
Ces travailleurs, principalement des femmes, ont mené avec détermination un combat juste pour leur dignité, leurs droits mais aussi pour nos Droits, le Droit plus généralement et le respect de la Loi.
Leur lutte a permis de mettre à jour et dénoncer une zone de Non-Droit qui préfigure ce que souhaiterait le Patronat : des salariés sans droits exploitables et corvéables à merci.
Aujourd’hui, c’est une victoire pour elles et eux mais aussi pour l’ensemble des salariés de France.
Nous ne lâcherons rien quant à la plainte pour traite des êtres humains que nous avons déposé avec eux le 6 août 2014 et nous engageons un travail de fond et de longue haleine contre le travail dissimulé dans ce quartier parisien, sous la forme d’un contrat de prévention et de sécurité entre la Mairie de Paris, la Mairie du 10e arrondissement, la Préfecture de Police, l’Inspection du Travail et les syndicats.
Pour la Cgt Paris, c’est une première victoire contre ces réseaux illégaux qui exploitent des milliers de femmes et d’hommes tout en s’appuyant sur l’incohérence des lois françaises sur l’immigration qui se succèdent et sont de plus en plus restrictives.
Maintenir pendant 3 ou 5 années des travailleurs sans-papiers dans la clandestinité avant de pouvoir espérer une régularisation, c’est les laisser à la merci des patrons mafieux et des réseaux d’exploitation.
La Cgt Paris remercie les nombreux soutiens qui se sont manifestés autour de ces salarié(e)s et la justesse de leur combat : syndicats, associations, partis politiques, élus, cinéastes, intellectuels, riverains de la Capitale et du 10e arrondissement qui ont contribué activement à cette issue positive.